[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
18 - mai 2008 - Spécial 68 : Mai encore ! : numéro commun avec Courant alternatif (Hors-série n°13) |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2008 |
Importance : |
1 vol. (52 p.) |
Présentation : |
ill., couv. ill. en coul. |
Format : |
31 cm |
Prix : |
5,00 EUR |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Histoire:France:1968
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Concepts : |
Histoire - évènements
France -- 1968 (Journées de mai)
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Index. décimale : |
944.083 Histoire de France. Ve République, 1958- |
Résumé : |
Mai 68 a été transformé en cliché. Son lieu serait unique, ses acteurs toujours les mêmes, ses formes identiques. Sur le cliché, on y voit les mêmes gestes : jetés de pavés et barricades, joutes oratoires et conflit de générations, jeunes qui s’embrassent dans le quartier Latin… Il est pourtant, comme tout mouvement, complexe et traversé de courants opposés. Dans ce paysage, les comités d’actions, les organisations politiques, le mouvement paysan sont portés disparus. Mai 68 devient l’affaire de vedettes, du ministre Kouchner à l’éditorialiste July. On préfère les historiettes où l’on se met en scène plutôt que de s’intéresser au comité d’action Citroën, à la stratégie des trotskistes ou des anarchistes…
Quel fut le rôle des syndicats ? L’impact des comités de base ? Pourquoi Mai 68 n’a pas réussi à renverser le capitalisme gaulliste ? Autant de questions si importantes à l’époque qui ne souffrent d’aucune analyse aujourd’hui. Des interrogations jugées désuètes. Car l’analyse de 68 n’existe qu’à travers les enjeux actuels. L’idée farfelue que l’on puisse changer le monde, faire la révolution est alors battue en brèche : un coup, on nous explique que « le contexte a changé, on était jeunes et fous », une autre fois que « l’échec de Mai 68 est de ne pas s’être transformé en conquête électorale » ou encore « qu’à l’époque, on ne se rendait pas compte que les vrais problèmes étaient dans le tiers-monde ». Autant de remarques qui balaient d’un coup les velléités révolutionnaires actuelles, la dénonciation en 68 de la sortie électorale proposée par De Gaulle (et avalisée par le PCF) et pour finir les luttes anti-impérialistes si intenses avant le joli mois de Mai.
Personne non plus pour souligner la place importante de la critique de la hiérarchie – du petit chef d’atelier aux enseignants en passant par les « pères-la-morale » – qui exprime le refus d’être un pion soumis aux desiderata du capitalisme. « Contrairement aux “révolutions” précédentes, ce n’est pas la superstructure politique qui a vacillé le plus, mais le fondement même de l’ordre social, l’autorité » explique Jean-Pierre Duteuil (Mai 68, un mouvement politique, Acratie, 2008).
En lisant ce qu’on nous conte sur 68, on ne sait pas non plus pourquoi des millions de personnes se sont mises en grève. L’article de Viansson-Ponté dans Le Monde du 15 mars 1968 « La France s’ennuie » (!) semble encore servir de base à la réflexion actuelle. Opportunément, on oublie de préciser que ce fut « l’unique insurrection “générale” qu’aient connu les pays occidentaux surdéveloppés depuis la Seconde Guerre mondiale » (Mai 68 et ses vies ultérieures, Kristin Ross, Complexe, 2005, p. 10). Personne – ou presque – pour parler des occupations d’usine de la Rodhiaceta à Besançon, des jacqueries à Caen qui secouent la France avant Mai. Quant à la « libération sexuelle », elle est réduite à une volonté de libertinage, en oubliant la critique de la famille triangulaire. En vidant Mai 68 de sa portée révolutionnaire, on ne parle plus d’opposition à la société capitaliste mais d’un événement conduisant la France vers la modernité, allant dans le sens de l’Histoire. Ainsi, on a habilement divisé le culturel du politique comme on sépare le bon grain de l’ivraie. Dans ce méli-mélo, on fait la part belle aux aspects culturels et festifs de 68 (tout en les vidant de leurs contenus subversifs). On interprète, on glose sur ses conséquences supposées sans en connaître les faits. On mélange tout : les luttes écologistes, la minijupe, l’antipsychiatrie… Tout est 68, et finalement 68 n’est plus rien.
Il était donc bien nécessaire que Courant Alternatif et Offensive s’associent pour éditer un numéro commun sur Mai 68 en s’emparant de toutes ces questions. Mai 68 nous intéresse parce que nous sommes militants, comme les révoltés du printemps 68, nous pensons qu’il est plus que jamais nécessaire d’en finir avec cette société capitaliste. Nous avons donc voulu, sans chercher des parallèles impossibles avec aujourd’hui, comprendre un événement de l’histoire révolutionnaire afin d’être mieux armés pour les luttes à venir. |
Permalink : |
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[n° ou bulletin] est un bulletin de
18 - mai 2008 - Spécial 68 : Mai encore ! : numéro commun avec Courant alternatif (Hors-série n°13) [texte imprimé] . - 2008 . - 1 vol. (52 p.) : ill., couv. ill. en coul. ; 31 cm. 5,00 EUR Langues : Français ( fre)
Catégories : |
Histoire:France:1968
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Concepts : |
Histoire - évènements
France -- 1968 (Journées de mai)
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Index. décimale : |
944.083 Histoire de France. Ve République, 1958- |
Résumé : |
Mai 68 a été transformé en cliché. Son lieu serait unique, ses acteurs toujours les mêmes, ses formes identiques. Sur le cliché, on y voit les mêmes gestes : jetés de pavés et barricades, joutes oratoires et conflit de générations, jeunes qui s’embrassent dans le quartier Latin… Il est pourtant, comme tout mouvement, complexe et traversé de courants opposés. Dans ce paysage, les comités d’actions, les organisations politiques, le mouvement paysan sont portés disparus. Mai 68 devient l’affaire de vedettes, du ministre Kouchner à l’éditorialiste July. On préfère les historiettes où l’on se met en scène plutôt que de s’intéresser au comité d’action Citroën, à la stratégie des trotskistes ou des anarchistes…
Quel fut le rôle des syndicats ? L’impact des comités de base ? Pourquoi Mai 68 n’a pas réussi à renverser le capitalisme gaulliste ? Autant de questions si importantes à l’époque qui ne souffrent d’aucune analyse aujourd’hui. Des interrogations jugées désuètes. Car l’analyse de 68 n’existe qu’à travers les enjeux actuels. L’idée farfelue que l’on puisse changer le monde, faire la révolution est alors battue en brèche : un coup, on nous explique que « le contexte a changé, on était jeunes et fous », une autre fois que « l’échec de Mai 68 est de ne pas s’être transformé en conquête électorale » ou encore « qu’à l’époque, on ne se rendait pas compte que les vrais problèmes étaient dans le tiers-monde ». Autant de remarques qui balaient d’un coup les velléités révolutionnaires actuelles, la dénonciation en 68 de la sortie électorale proposée par De Gaulle (et avalisée par le PCF) et pour finir les luttes anti-impérialistes si intenses avant le joli mois de Mai.
Personne non plus pour souligner la place importante de la critique de la hiérarchie – du petit chef d’atelier aux enseignants en passant par les « pères-la-morale » – qui exprime le refus d’être un pion soumis aux desiderata du capitalisme. « Contrairement aux “révolutions” précédentes, ce n’est pas la superstructure politique qui a vacillé le plus, mais le fondement même de l’ordre social, l’autorité » explique Jean-Pierre Duteuil (Mai 68, un mouvement politique, Acratie, 2008).
En lisant ce qu’on nous conte sur 68, on ne sait pas non plus pourquoi des millions de personnes se sont mises en grève. L’article de Viansson-Ponté dans Le Monde du 15 mars 1968 « La France s’ennuie » (!) semble encore servir de base à la réflexion actuelle. Opportunément, on oublie de préciser que ce fut « l’unique insurrection “générale” qu’aient connu les pays occidentaux surdéveloppés depuis la Seconde Guerre mondiale » (Mai 68 et ses vies ultérieures, Kristin Ross, Complexe, 2005, p. 10). Personne – ou presque – pour parler des occupations d’usine de la Rodhiaceta à Besançon, des jacqueries à Caen qui secouent la France avant Mai. Quant à la « libération sexuelle », elle est réduite à une volonté de libertinage, en oubliant la critique de la famille triangulaire. En vidant Mai 68 de sa portée révolutionnaire, on ne parle plus d’opposition à la société capitaliste mais d’un événement conduisant la France vers la modernité, allant dans le sens de l’Histoire. Ainsi, on a habilement divisé le culturel du politique comme on sépare le bon grain de l’ivraie. Dans ce méli-mélo, on fait la part belle aux aspects culturels et festifs de 68 (tout en les vidant de leurs contenus subversifs). On interprète, on glose sur ses conséquences supposées sans en connaître les faits. On mélange tout : les luttes écologistes, la minijupe, l’antipsychiatrie… Tout est 68, et finalement 68 n’est plus rien.
Il était donc bien nécessaire que Courant Alternatif et Offensive s’associent pour éditer un numéro commun sur Mai 68 en s’emparant de toutes ces questions. Mai 68 nous intéresse parce que nous sommes militants, comme les révoltés du printemps 68, nous pensons qu’il est plus que jamais nécessaire d’en finir avec cette société capitaliste. Nous avons donc voulu, sans chercher des parallèles impossibles avec aujourd’hui, comprendre un événement de l’histoire révolutionnaire afin d’être mieux armés pour les luttes à venir. |
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